Moyens 2nd degré pour la rentrée 2021 : le choix d’une dégradation des conditions de travail et du service public d’éducation

Alors que le ministère de l’Éducation nationale prévoit 43 518 élèves de plus dans le second degré, et veut ouvrir davantage de place en BTS, les moyens en personnels n’augmentent pas et en réalité diminuent. Le second degré fonctionnera avec une intensification du travail.

Transformation des heures postes en heures supplémentaires : dégradation des conditions du travail enseignant

Le gouvernement veut supprimer des postes dans le second degré, mais attend davantage d’élèves. La « solution » à cette équation : fermer des postes et faire faire davantage d’heures supplémentaires aux enseignant.e.s.

Dans l’académie de Clermont-Ferrand, c’est ainsi 54 postes qui fermeront et 54 ETP (équivalent temps plein) en heures supplémentaires qui les remplaceront.

Le Sgen-CFDT a dénoncé cette logique de transformation d’heures postes en heures supplémentaires. Nous la connaissons hélas trop bien depuis plusieurs années et aussi pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Les conséquences sont délétères pour les conditions de travail des personnels et pour la qualité du système éducatif.

Pour les enseignant.e.s,
c’est une intensification du travail…

Pour les enseignant.e.s, c’est une intensification du travail : plus de classes, plus d’heures de cours à effectuer et à préparer, plus d’élèves à suivre… Alors que nous constatons toutes et tous que la fatigue professionnelle est intense, ce choix politique va peser lourds sur les conditions de travail des enseignant.e.s dans les collèges et les lycées.

Le Sgen-CFDT a aussi dénoncé une logique qui renforcera certainement les inégalités de rémunération entre femmes et hommes. En effet, les documents du ministère montrent que les heures supplémentaires creusent l’écart salariale entre enseignantes et enseignants.

Enfin, alors que le ministre lui même entend valoriser et reconnaître le travail d’équipe des enseignant.e.s et le travail en équipe pluriprofessionnelle, il y a aussi une contradiction majeure : plus les enseignant.e.s auront d’heures de cours à réaliser, moins ils et elles seront disponible pour ce travail collectif.

Il n’est pas inutile de rappeler que la réglementation ne change pas : il y a deux heures supplémentaires (HSA) non refusables, pas plus. Il est donc possible de refuser un service qui comporterait davantage d’heures supplémentaires.

Moins de temps pour le travail collectif…

Le ministère cherche aussi à récupérer du temps d’enseignement, comme les années précédentes, en réduisant les décharges non statutaires.

Mais une fois de plus, la question n’est pas posée clairement d’examiner le rôle assuré par les personnels qui ont des décharges d’enseignement, or bien souvent, c’est pour élaborer des ressources pour l’ensemble des collègues et cela participe aussi de notre capacité à travailler collectivement. Bref, c’est potentiellement une nouvelle source de dégradation des conditions de travail en faisant du travail enseignant un travail exclusivement solitaire.

Pas de création de postes dans les autres métiers :
intensification du travail à la clé

Postes administratifs en EPLE - évolutions à la rentrée 2021

Plus d’élèves, plus de classes post-bac, quelques ouvertures d’établissement, les effets économiques, sociaux et scolaires de la crise que nous traversons, tous ces éléments justifient largement des créations d’emplois de CPE, PsyEN, assistant.e.s de service social, médecin scolaire, infirmières et infirmiers, personnels de direction, personnels administratifs en EPLE. Or le gouvernement fait un autre choix : il n’y a aucune création de poste dans ces emplois, et cela fait plusieurs années que ça dure.

Pour ces personnels aussi, cela signifie une intensification du travail, une difficulté plus importante à réaliser l’accompagnement des élèves que nous souhaitons faire.

Le Sgen-CFDT a dénoncé cette évolution en comité technique dès sa déclaration liminaire.

Nous sommes aussi de nouveau intervenus sur la prise en compte des effectifs des ULIS pour déclencher les ouvertures de classes et créations de postes dans les différents métiers.

Le ministère a rappelé que c’était bien les dispositions de la loi pour une école de la confiance qui doivent s’appliquer et l’instruction a été donné aux recteurs et rectrices.

Nous constatons que ce n’est pas toujours mis en œuvre, nous avons donc demandé à avoir l’instruction écrite et le Sgen-CFDT peut accompagner les équipes qui seraient confrontées à un refus de tenir compte des élèves en ULIS pour ouvrir des classes, et implanter des postes dans l’établissement.

Poursuite du rééquilibrage entre les académies

Transformation de postes en heures supplémentaires pour les enseignants, absence de créations d’emplois administratifs ne signifient pas qu’il n’y a pas d’évolution pour les académies. En effet, le ministère poursuit depuis plusieurs années (dès avant 2017) un processus de rééquilibrage entre les académies. En effet, certaines apparaissent sur-dotées relativement à d’autres. Procéder à ce rééquilibrage à moyens constants ou en baisse aboutit à ce que même dans des académies dynamiques sur le plan démographique et pas sur-dotées, la rentrée 2021 sera plus difficile.

La quasi totalité des académies perdent des emplois en termes d’heures postes…

Pour les postes enseignants, avec la mécanique de transformation des heures postes en heures supplémentaires, la lecture des données peut sembler complexe. La quasi totalité des académies perdent des emplois en termes d’heures postes. Les seules académies qui voient leur nombre de postes augmenter sont : Lyon, Montpellier, la Guyane et Mayotte.

Malgré la transformation de postes en heures supplémentaires, les académies de Clermont-Ferrand, la Corse, Limoges et Rennes ne connaîtront aucune évolution des moyens d’enseignement.

Quelques académies ont une augmentation des moyens d’enseignement (mais avec moins d’emplois et donc via davantage d’heures supplémentaires), d’autres ont une diminution absolue des moyens d’enseignement.

Des choix budgétaires qui ne sont pas à la hauteur des enjeux…

Alors que le nombre d’élèves attendus augmente, alors que les effets de la crise appelle un renforcement du système éducatif, l’amélioration des conditions d’enseignement et de l’accompagnement des élèves, ces choix budgétaires ne sont pas à la hauteur des enjeux. La carte ci-dessus vous permet de visualiser les évolutions en moyens d’enseignement du second degré, vous pouvez aussi retrouver ces données dans le tableau de ventilation académique des moyens d’enseignement.

Le plan de relance prévoit 646 équivalents temps plein d’enseignement pour développer les places en BTS, les parcours de CAP en 3 ans… ces 646 équivalents temps plein seront exclusivement des heures supplémentaires.

Pour les personnels administratifs dans les établissements scolaires, le ministère effectue des modifications de répartition académique pour tenir compte des ouvertures et fermetures d’établissement et réduire les écarts relatifs de dotation entre académies.

Une marge de 350 équivalents temps plein d’enseignement

L’an dernier une marge de 350 emplois enseignants était disponible. 100 emplois ont été délégués dans les académies ultramarines (notamment Mayotte et la Guyane). Ailleurs, cette marge a finalement servi à faire face à la crise sanitaire et aux besoins de remplacement qu’elle a générés. En 2021, cette marge existera de nouveau, en partie en heures postes, en partie en heures supplémentaires.

Le Sgen-CFDT a rappelé sa proposition que cette marge puisse servir à l’ouverture de classes là où c’est utile pour pouvoir scolariser des enfants migrants là où le besoin n’avait pas pu être anticipé.

Nous avons aussi rappelé notre proposition que cette marge, comme pendant le quinquennat précédent, renforce la dotation des lycées professionnels, lycées généraux et technologiques qui ont un profil proche de l’éducation prioritaire sans en avoir le classement et les moyens. Le ministère semble envisager d’utiliser une partie de cette marge pour les CLA (contrats locaux d’accompagnement). Retrouvez l’analyse que le Sgen-CFDT fait de cette expérimentation que le ministère veut lancer à marche forcée.