Audience du Sgen-CFDT Auvergne avec le Recteur de l’académie de Clermont-Ferrand.

En réponse à notre demande, M. le Recteur Benmiloud nous a reçus le 23 octobre 2019. A l'ordre du jour : l'école inclusive, les directrices et directeurs d’école, les conditions de travail des enseignants, l’avenir du service public d’orientation, les réformes du lycée et du baccalauréat.

Le Recteur était entouré par Mme Tinayre (IEN* – déléguée académique à la performance pédagogique), M. Bergopsom (SG* adjoint– DRH*), M. Ajasse (IEN-ET-EG*), M. Rocher (IA-IPR*) et M. Momiron (conseiller technique ASH*). [*liste des abréviations en fin d’article]

Nous avons choisi de débuter cette rencontre par les difficultés de l’école inclusive.

Sans moyens suffisants, la politique d’inclusion met les personnels et les élèves à besoins éducatifs particuliers dans des situations de difficulté, et même de souffrance intolérable.

Nous avons réitéré notre contestation du calcul du temps de travail des Aesh* à temps partiel (60 %). Nous avons réclamé le paiement ou le rattrapage des heures supplémentaires effectuées au-delà des 23 heures 30 hebdomadaires. Refus catégorique du Rectorat qui nous a renvoyé à une CCP* le 6 novembre et à un futur arbitrage du ministère.

Après ce constat de désaccord, nous avons pointé des dysfonctionnements qui relèvent des marges de manœuvre académique voire locale : ainsi, le cas de ces Aesh de Thiers qui se sont vus opposer un refus de formation conjointe avec les professeurs des écoles du bassin. Le rectorat a reconnu que ce refus était « anormal » et s’est engagé à faire le nécessaire pour que cela ne se reproduise pas.

Vous êtes concerné.e par ce type de situations ? Contactez-nous et nous mettrons le Rectorat face à ses responsabilités.

A cette occasion, c’est l’ensemble de l’offre de formation que nous avons pointé du doigt. Sur cette question nos interlocuteurs ont reconnu la nécessité de la remanier en profondeur pour y introduire, notamment, de le plurisdisplinarité.

Nous avons appelé le rectorat à inciter les communes à salarier les Aesh qui le souhaitent sur les temps périscolaires. Il y a non seulement un intérêt pour les personnels (éviter des emplois du temps fractionnés et des déplacements coûteux) mais aussi pour la qualité du service (les Aesh connaissent les élèves porteurs de handicap ET les classes d’intégration).  Le Rectorat nous a dit être favorable à et avoir déjà œuvré en ce sens.

Nous comptons démarcher les maires pour que cette possibilité, déjà effective dans certaines communes du Puy-de-Dôme, soit étendue et bénéficie à un nombre plus important d’Aesh.

Nous avons interpelé le Rectorat sur le refus opposé à certaines demandes de Cesu* garde d’enfants. Il est absolument scandaleux que les AESH en CDD* (dont le salaire est traité par l’agent comptable du lycée Sidoine Apollinaire) ne puissent pas bénéficier de prestations sociales légales ! Le Rectorat a convenu que ce refus, fondé sur d’obscures questions de technique budgétaire, était « absurde ». Le Rectorat s’est engagé à saisir la Division des Affaires financières. Cette question serait nationale. Nous saisissons notre fédération pour que cette question soit défendue au niveau national. Et au niveau académique, nous allons maintenir la pression sur le Rectorat pour que cette absurdité soit corrigée au bénéfice des personnels les plus précaires de notre administration.

Deuxième point abordé, la situation critique des directrices et directeurs d’école.

Nous avons souligné le besoin crucial de dialogue et d’écoute si on veut éviter de nouvelles tragédies.

Nous avons formulé des propositions concrètes pour permettre une expression libre et directe à l’occasion d’états généraux des directeurs tenus dans chaque bassin autour du Dasen*. Le Rectorat n’a pas saisi nos propositions et a renvoyé au questionnaire ministériel accompagné par le travail des CHS-CT*.

Nous avons fait part également de nos positions en faveur d’une évolution du statut des écoles, en illustrant notamment nos propos sur le fonctionnement des IUT* dans lesquels les personnels élisent un directeur, chargé pendant 3 ans d’une autorité fonctionnelle.

Questionné sur le comptage des élèves Ulis* dans les effectifs des écoles, le Rectorat a répondu que ce n’était pas encore tranché.

Plus largement, les conditions de travail des enseignants du premier degré doivent être améliorées de façon concrète. Nous avons demandé que le Rectorat mette fin au retrait d’1/30e de traitement pour un rendez-vous médical sur temps scolaire. Les professeurs des écoles ne choisissent pas de s’absenter pour le plaisir ! Quand des examens médicaux sont imposés aux PE sur des temps de classe, l’administration doit faire preuve de bienveillance !

Malgré nos efforts répétés, refus encore du Rectorat, argumenté par le silence de la circulaire nationale sur les autorisations d’absence, et par un supposé risque d’abus. Nous avons évidemment dénoncé ce déni de confiance et de bienveillance envers les personnels.

Nous avons ensuite interrogé le rectorat sur l’avenir du service public d’orientation et de la carte des CIO*.

Non seulement les CIO permettent d’accueillir les élèves et leurs parents pendant les périodes de fermeture des établissements scolaires, mais ils touchent des publics très variés (élèves décrochés, apprentis, élèves de l’enseignement privé, de l’enseignement agricole…). Ils produisent des indicateurs fins du suivi des parcours des élèves et surtout jouent un rôle de réduction des inégalités sociales. Le Rectorat a reconnu l’importance de ce rôle et a cherché à relativiser la gravité de la situation. Interrogé sur la situation de l’académie voisine d’Orléans-Tours, le Rectorat s’est contenté d’appeler à « ne pas importer les peurs »…

Les réformes du lycée et du bac auraient mérité à elles-seules une audience tant les questions sont nombreuses.

Nous avons énuméré les annonces ministérielles sans contenu réel : faute de moyens horaires suffisants, on fait semblant de faire de l’accompagnement personnalisé, de l’aide au choix de l’orientation (54 heures par an !), des heures de vie de classe…

Nous avons pointé ensuite les conséquences négatives des E3C* : surcharge de travail pour les professeurs et les personnels administratifs, rabougrissement des temps d’enseignement au profit du bachotage, risque accru de fraude. Nous avons dénoncé l’improvisation générale pour ce qui est de l’organisation des conseils de classe de première (quelle participation des profs de spécialité ?) et la mission intenable demandée aux professeurs principaux.

Enfin, nous avons insisté sur la situation aberrante de la maintenance informatique dans les lycées. Nous avons relayé la colère des professeurs chargés de transmettre des nouveaux programmes sans avoir les moyens pédagogiques réels de les mettre en œuvre. Le changement d’ENT*, le déploiement des nouveaux matériels ou logiciels, la gestion des dégradations, les dizaines de signalements quotidiens de dysfonctionnements sont des tâches harassantes et complexes qui retombent sur des gestionnaires informatiques épuisés. Il est complètement illusoire d’imaginer qu’une entreprise prestataire puisse intervenir dans un établissement sans que le gestionnaire réseau ait caractérisé et filtré le besoin. Combien de temps notre ministère mettra-t-il à reconnaître le besoin criant des établissements scolaires en informaticiens qualifiés ? Le Rectorat sait-il que les réseaux informatiques des lycées fonctionnent grâce au dévouement de personnels qui accomplissent ce travail en supplément de leur service ?

Le Rectorat a soupiré que « le Snpden* réclame la même chose, que pendant 3 ans l’académie a été hors clous en payant des personnels pour une mission transférée à la région. Et que désormais c’est une question d’influence entre Rectrice de la Région académique et Président de Région. »

Quelle inconséquence !

Composée de Mme Jacquot (AESH), Mme Chabot (DCIO*), M. Sérange (PE*) et M. Meissonnier (secrétaire du syndicat), notre délégation a été reçue pendant deux heures. Mais, hélas, un climat d’écoute et de considération ne suffit pas pour caractériser un véritable dialogue social.

En caricaturant un peu, on pourrait même dire qu’il y a eu sur le fond deux types de réponses :

  • C’est trop tôt, il n’y a pas de texte, et vous vous affolez pour rien …
  • C’est trop tard et que voulez-vous, il y a des textes et nous devons bien les appliquer en Auvergne…

Nous remercions nos adhérent.e.s : grâce à leurs contributions, nous avons pu apporter des éléments précis et factuels que le Rectorat n’a jamais mis en doute.

Mais les meilleurs arguments ne suffisent pas sans rapport de force. Syndiquez-vous pour donner davantage de poids à vos représentants !