Reconnaître le télétravail enseignant pour ouvrir des droits

Le Sgen-CFDT ne confond pas télé-enseignement et télétravail. C'est pourquoi il demande que les métiers de l'enseignement et de la formation soient considérés dans les négociations qui s'engagent pour un accord télétravail.

Un des écueils à éviter dans les discussions qui s’ouvrent sur le télétravail serait de confondre télé-enseignement et télétravail. Pour le Sgen-CFDT, tout l’intérêt d’une ouverture de la négociation du télétravail aux métiers de l’enseignement et de la formation est d’abord de reconnaître et mieux cadrer toutes les tâches déjà effectuées à domicile et si peu reconnues. Les personnels peuvent y être gagnants.

Télétravail oui, télé-enseignement non.

Néanmoins, le Sgen-CFDT ne s’engagera pas dans une voie de négociation qui irait dans le sens de considérer le télétravail sous le seul angle du télé-enseignement, qui ne se confond pas non plus avec l’enseignement hybride. Si le télé-enseignement a été utilisé massivement pendant les périodes de confinement, il en a démontré toutes les difficultés et tous les écueils.  La présence auprès des élèves, au sein des écoles et des établissements, et son absolue nécessité en ont été renforcées.

L‘accord fonction publique de juillet 2021, précise qu’en cas de crise « il est nécessaire de sécuriser et mieux encadrer le recours au télétravail contraint en cas de circonstances exceptionnelles« . Il engage à un dialogue social soutenu. Entrer dans un accord télétravail c’est obliger l’employeur à ce dialogue et à cette sécurisation en cas de crise.

Qu’y a-t-il à gagner au télétravail enseignant ?

Le télétravail désigne toute forme d’organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l’employeur est effectué par un salarié hors de ces locaux de façon volontaire en utilisant les technologies de l’information et de la communication.”

Or, nous n’avons pas attendu de connaître une pandémie, ni tous les outils techniques de communication pour effectuer une large part de nos tâches et de notre temps de travail en dehors de nos établissements.

En 2021, une large part du travail de l’enseignant.e est effectuée devant l’ordinateur depuis le domicile. On peut citer le travail de recherches pour préparer ses cours, la saisie du LSU ou des notes et évaluations dans le logiciel dédié, une part de la communication avec les élèves et leur famille via l’ENT, le cahier journal, le cahier de texte…. autant de tâches qu’il n’est souvent pas possible d’effectuer dans l’établissement faute d’espaces disponibles ou de mise à disposition des locaux. 

De fait, l’état-employeur place les enseignant.e.s en situation de travail à distance. Ce travail s’effectue sans cadre juridique pour l’organiser, privant les agents de toute reconnaissance de ce travail. Il n’y a pas de garde-fou, tant sur le nombre d’heures de travail effectuées que sur le droit à la déconnexion. Il n’y a pas d’équipement, pas de compensation financière. L’État-employeur, en versant, une prime d’équipement informatique, certes insuffisante, vient de reconnaître pour la première fois ce fait.

Affirmer que des missions des enseignant.e.s peuvent entrer dans le cadre négocié du télétravail qui engage l’employeur, c’est reconnaître ce travail invisible ou rendu invisible.

Ouvrir des champs de négociations possibles.

Dès lors, en ouvrant les négociations sur le télétravail enseignant, on s’ouvre la possibilité de discuter de nombreux sujets intrinsèques au télétravail.télétravail enseignant

L’accord fonction publique de juillet 2021 engage à porter tout un ensemble de sujets dont voici quelques éléments :

  • en premier lieu la reconnaissance des frais engagés avec, pour la première fois, l’obligation d’indemniser à hauteur de 2,5€ chaque jour télétravaillé. Ceci avec toutefois un plafond de 220€ annuel.
  • la santé et la sécurité des agents à domicile ou dans un tiers lieu : considération de l’espace de travail, de son aménagement, reconnaissance des accidents du travail etc…
  • la formation et donc l’amélioration de la connaissance et de la maîtrise des outils numériques,
  • la réalité du droit à la déconnexion, et de la charge de travail,
  • l’obligation d’un dialogue social pour adapter le travail en cas de crise,
  • l’égalité professionnelle,

Entrer en discussion sur le télétravail enseignant c’est donc revenir sur l’ensemble de ce qui fait le travail et les conditions de travail quel que soit le métier que l’on exerce.

Le Sgen-CFDT pense qu’il est important de reconnaître la globalité du travail des enseignant.e.s, travail individuel comme collectif au sein des écoles et établissements.