Projet d’évaluation en lycée général et technologique : quelques repères pour y voir plus clair

Cet automne, il va falloir définir un projet d'évaluation dans le cycle terminal des voies générale et technologique. C'est l'un des aspects de la réforme du baccalauréat.

Projet d’évaluation en lycée général et technologique : quelques repères pour y voir plus clairDans les semaines qui viennent, tous les lycées avec des sections générales et/ou technologiques vont devoir travailler sur un « projet d’évaluation » auquel fait référence le bulletin officiel du 29 juillet 2021 (lien en fin d’article).

Deux demi-journées doivent être banalisées en 2021 pour élaborer ce projet. Il doit ensuite être  » validé  » par le conseil pédagogique et
 » présenté  » au conseil d’administration. Ce projet devrait pouvoir être repensé l’année prochaine, il n’est pas gravé dans le marbre.

Pouvoir s’approprier les enjeux de l’évaluation, dans un cadre renouvelé…

C’est le premier point sur lequel il convient d’insister : pour le Sgen-CFDT il s’agit d’initier une démarche qui permettra aux collègues de s’approprier les enjeux de l’évaluation, dans un cadre renouvelé de l’orientation et du baccalauréat. Cela ne peut pas être réglé en quelques heures et nous tirerons les enseignements de notre expérience.

Les spécialités évaluées par des épreuves finales en Terminale ne sont pas concernées

Second point fondamental, ce projet d’évaluation dans le cadre du contrôle continu ne concerne pas toutes les disciplines à tous les niveaux. Ne sont pas concernées les spécialités évaluées en Terminale par des épreuves finales, pas plus que le français et la philosophie qui font également l’objet d’épreuves finales. Il n’est cependant pas question de soutenir que la réflexion sur l’évaluation ne concerne pas ces enseignements, pris en compte sur les bulletins et déterminants pour l’orientation. Cela fait longtemps que les collègues se sont saisis des questions d’évaluation, notes, compétences, contrôle en cours de formation…

Chaque note aura un poids limité dans la note finale !

Troisième point, lorsqu’on note le devoir d’un·e de nos élèves, il ne s’agit pas de sa seule note (comme pour une épreuve finale). La note est prise en compte pour calculer une moyenne trimestrielle (ou semestrielle) puis dans le calcul d’une moyenne annuelle. Dans les matières du tronc commun, cette moyenne annuelle compte pour 3 % de la note finale (en EMC 2 %). En EPS c’est un coefficient 6 (6%) qui s’applique à la moyenne de la classe de Terminale. Dans la spécialité abandonnée de Première, c’est un peu plus : 8 %. Rien à voir avec la note unique obtenue pour chacune des deux spécialités évaluées au printemps en terminale qui sont coefficient 16 (donc 32 au total).

Une fois cela posé, une réflexion plus sereine peut s’engager.

Quels sont les enjeux de ce projet d’évaluation ?

Des préconisations qui ressemblent fortement à ce que nous faisions déjà

Il s’agit tout d’abord pour le Sgen-CFDT de partager avec les élèves et leurs représentant·es un certain nombre de règles qui permettent à chacun·e de savoir à quoi s’attendre. Cela devra nous préserver de la plupart des conflits ou des pressions que nous avons pu vivre l’année dernière dans un contexte, il est vrai, un peu différent.

Pour le reste, lorsqu’on se penche sur le « Guide de l’évaluation des apprentissages et des acquis des élèves dans le cadre de la réforme du lycée général et technologique », on retrouve pour l’essentiel des préconisations qui ressemblent fortement à ce que nous faisions déjà.

Chacun·e garde sa liberté pédagogique

Alors oui, il va falloir que nous regardions un peu ce que chacun·e de nos collègues de la même discipline (quand on en a) fait de son côté. Il vaudrait mieux que nous puissions justifier nos choix au cas où les parents ou les élèves nous questionneraient. Lorsque nous réalisions des devoirs communs, il n’y a pas de raison que nous y renoncions ou que nous en faisions beaucoup plus. Chacun·e garde sa liberté pédagogique. Nous verrons avec le temps s’il y a lieu de retenir ensemble des pratiques qui pourraient devenir communes. C’est autour de ces questionnements que les conseils d’enseignement trouveront à réfléchir de manière pertinente.

Prendre en compte les stratégies de fuite face à l’évaluation…

Enjeu plus important, les stratégies de fuite face à l’évaluation (voire de triche), tout comme les absences justifiées, appellent de notre part une définition collective de leur prise en compte. A partir de combien de notes considère-t-on qu’une moyenne peut être calculée ? Le guide de l’évaluation nous suggère 3 notes minimales par trimestre, 4 par semestre. Que se passe-t-il si nous n’en disposons pas ? Faut-il prévoir une évaluation en fin d’année qui du coup fonctionnera comme une épreuve finale ? Faut-il organiser, au moins pour les évaluations les plus importantes des sessions de rattrapage ? Dans quel cas peut-on mettre un zéro ? Quelles justifications accepter pour des absences à nos évaluations ?

Ce sont ces questions qui justifient un passage du projet d’évaluation devant le conseil d’administration, de manière à ce que les décisions en la matière relèvent d’un choix collectif. L’objectif est de nous épargner, aux collègues comme à leurs élèves ou représentant·es, des conflits pendant l’année qui devraient être résolus individuellement.

L’objectif est de nous épargner, aux collègues comme à leurs élèves ou représentant·es, des conflits qui devraient être résolus individuellement pendant l’année.

Pour conclure, nous inaugurons cette année une réflexion sur l’évaluation que le Sgen-CFDT appelle de ses vœux depuis longtemps. Cette réflexion prendra du temps et devra se poursuivre les années suivantes. C’est l’occasion de reconnaître l’expertise et l’engagement des collègues en matière d’évaluation.