Plan chorales : vraiment une bonne idée ?

L'annonce par les ministres de l'Éducation nationale et de la Culture d'un Plan Chorale généralisé entre dans une volonté d'ouvrir l'élève à la culture. Mais est-ce vraiment une si bonne idée, en la réduisant à la chorale ? L'avis du Sgen-CFDT.

Un travail interministériel qui était nécessaire

Le 14 septembre 2017, une communication commune a été portée en conseil des ministres par les ministres de l’Éducation nationale et de la Culture, M. Blanquer et Mme Nyssen, traçant une feuille de route pour la mise en œuvre de la « priorité » définie par le Président de la République en matière d’Éducation Artistique et Culturelle (EAC). Cette priorité est assez notable dans le contexte actuel pour être soulignée, dans la mesure où elle constitue l’un des rares domaines où nous ne sommes pas sur un retour en arrière brutal de ce qui a pu être mis en œuvre durant la précédente législature au prix de longues concertations.

Chorale : elles existaient déjà dans beaucoup d'établissements scolaires

Ce travail interministériel s’est traduit le 11 décembre 2017  par un certain nombre d’annonces communes, avec notamment la mise en place d’un Plan Chorale pour l’ensemble des établissements scolaires de France.

Annonces ministérielles pour l’EAC : plus de chorales !

Revenons à ces annonces en faveur du développement de l’EAC. La proposition d’une généralisation des chorales dans les écoles se veut dans la continuité de l’annonce du mois de juin dernier aspirant à entendre une rentrée en musique à l’unisson dans toutes les cours d’école de la République. Si l’évaluation du dispositif est en cours, pas besoin d’être grand clerc pour deviner un bilan bien mitigé pour la première édition. Qu’à cela ne tienne : l’autre mesure-phare des annonces concernant la prochaine rentrée scolaire soumise au CSE du 14 décembre 2017 sera une augmentation des moyens dédiés à ces chorales.

Au-delà de leur connotation “vieille France” qui plaira à certains, un développement en force des chorales a le mérite de sa logique : à budget constant, des chorales permettent de mobiliser autour d’un projet artistique partagé bien plus d’élèves que toute autre activité artistique. Elles sont donc un levier de massification majeur qu’il ne faut pas redouter a priori, si l’objectif n’est pas de les développer au détriment d’autres dispositifs existants, mais bien en complément de ceux-ci. La finalité recherchée sera bien sûr de toucher plus d’élèves que ce n’est le cas aujourd’hui. Espérons que des enfants qui se trouvaient jusqu’à maintenant de toute façon exclus de toute pratique artistique pourront trouver là l’occasion d’une première rencontre. On estime en effet qu’un tiers d’entre eux seulement sont aujourd’hui touchés par les dispositifs EAC, et ce malgré les efforts déjà engagés toutes ces dernières années.

L’EAC : il faut faire confiance aux équipes professionnelles

Soyons donc attentifs aux remontées du terrain, ne renonçons pas à des projets plus ambitieux au profit des chorales, n’oublions pas non plus de rappeler que dans bien des endroits les enseignants les font déjà vivre depuis longtemps, mais souhaitons toutefois avec le ministère que oui, de telles impulsions, si elles sont pensées, préparées et accompagnées, peuvent favoriser un engagement des enfants dans le faire. Accordons donc ici la confiance dans la bonne volonté de notre ministre de tutelle. En rappelant toutefois qu’il n’est de rencontre artistique pleine et entière sans rencontre avec les œuvres originales ni les artistes en personne à chaque fois que c’est possible.

Et surtout faisons confiance au professionnalisme des collègues sur le terrain, dans les écoles pour penser ce qui est mieux pour leurs élèves en matière d’EAC !