E3C bloquées : une victoire… oui mais pour qui ?

L'annulation de la première épreuve d'E3C au lycée Blaise Pascal samedi dernier est bien évidemment une victoire, mais il reste à savoir pour qui.

Entrer dans un lycée et perturber le déroulement d’un examen, c’est illégal. Nous savons que dans le passé des actions illégales ont été nécessaires pour faire avancer le Droit. Mais il reste à savoir si l’opposition aux E3C méritait de franchir la ligne de la légalité.

Cette action est-elle légitime ?

Que cela plaise ou non, nous assumons nos convictions. Nous mesurons l’exaspération et la colère justifiées des collègues mais le Sgen-CFDT Auvergne ne soutient pas ce type d’actions qui désorganise les établissements, divise les équipes et insécurise les élèves. Nos élèves sont angoissés et pessimistes sur leur avenir, est-ce utile d’en rajouter ?

Certains nous répondront qu’il faut du neuf pour faire du buzz et attirer les médias…  Soit, mais après la grève des surveillants de juin 2019, après la rétention des notes en juillet, on empêche les lycéens de passer leurs épreuves… Et si le ministre reste inflexible, quelle est la prochaine étape ? Où va-t-on ? Et pour obtenir quoi ?

« M. Blanquer, rendez-nous le « vrai » bac ! »

Le « vrai » bac, disent les participants à ce rassemblement, c’est un bac où tous les lycéens de France planchent simultanément sur un sujet identique. Et le ministre Blanquer, avec sa réforme, remplace le « vrai » bac national par un bac « maison », dévalué et inégalitaire.

Le vrai, le faux et les faux-semblants.

En 2018, dans son projet initial, le ministre Blanquer annonçait 60 % d’épreuves terminales (deux spécialités, la philosophie, un « grand oral »), les épreuves anticipées de français en première et 40 % de contrôle continu en première et terminale. Mais M. Blanquer a dû lâcher du lest. Car des syndicats majoritaires ont crié à la fin du caractère national du bac. Et pour les apaiser, le ministère a inventé les Epreuves Communes de Contrôle Continu (E3C). Trois séries d’épreuves avec des sujets nationaux mais choisis dans chaque établissement. Des copies anonymes mais corrigées en fonction d’un barème décidé dans chaque établissement. De l’art de faire des carrés dans des ronds.

Ce que veut le Sgen-CFDT

Nous demandons au ministre d’annuler les E3C de tous les lycées. Annuler les trois séries d’E3C et les remplacer par une prise en compte du contrôle continu de première et terminale. Débarrassons-nous complètement des E3C, et faisons confiance aux professeurs qui évaluent leurs élèves en première et terminale ! Allégeons la vie des établissements. Réduisons les temps d’évaluation pour accroître les temps d’apprentissage.

Le contrôle continu existe déjà, sauf pour ceux qui ne veulent pas le voir.

En juin 2020 la dernière session du bac Chatel aura lieu. Les élèves actuellement en terminale constituent donc la dernière génération à connaître le bac d’avant la réforme Blanquer. Dans ce bac d’avant la réforme Blanquer, les épreuves terminales sont déjà dans plusieurs disciplines évaluées selon des modalités différentes d’un lycée à un autre : l’EPS, les compétences expérimentales en sciences de la vie et de la terre et physique-chimie, sans parler des disciplines évaluées en CCF dans la voie professionnelle. Ce ne serait donc pas le « vrai » bac !

Enfin, nos élèves de terminale formulent actuellement des vœux sur Parcoursup. Certains font mine d’oublier que les notes qu’obtiendront ces élèves aux épreuves terminales de juin 2020 ne seront pas prises en compte par l’algorithme. On fait semblant d’oublier que les élèves sont depuis 2013 affecté.e.s dans une filière post-bac uniquement sur la base de leurs bulletins trimestriels. On fait semblant de ne pas voir que le contrôle continu organisé dans chaque lycée détermine actuellement l’affectation dans le supérieur.

Pour le Sgen-CFDT, une véritable victoire serait d’avoir le courage de sortir des mythologies pour améliorer le réel.