Dotations des lycées agricoles : trop de contradictions

L'annonce récente faite par le ministre de l'agriculture d'atteindre l'effectif des 200.000 apprenants téléscope l'annonce faite de baisses budgétaires (dotations). Le Sgen-CFDT déplore que l'enseignement agricole ne se dote pas des moyens à la hauteur des ambitions affichées.

dotations lycées agricolesDébut 2019, de nombreuses inquiétudes remontent du fait de l’enchaînement de réformes parfois mal accompagnées mais surtout mal expliquées. Les directives envoyées par les chefs du service régional formation développement (SRFD) aux équipes de direction des EPL entretiennent un flou anxiogène.

Pour une pédagogie de la réforme

Le Sgen-CFDT est favorable à la conduite de réformes d’ampleur, qui pour certaines sont impérieuses. Le Sgen-CFDT réclame un accompagnement des équipes pédagogiques et de direction pour leur mise en oeuvre. La pédagogie est préférable à l’électrochoc.

La pédagogie est préférable à l’électrochoc.

Depuis son arrivée, le ministre a fixé une réelle ambition pour l’enseignement agricole, celle de la hausse des effectifs d’apprenants pour atteindre le seuil des 200.000. Pour l’année scolaire 2019/2020, chaque EPL se fixe comme objectif de recruter de 3 à 5 élèves supplémentaires. Pour cela le rôle des services d’orientation, actuellement mal en point, est essentiel, encore un sujet à traiter rapidement.

Faire plus avec des dotations en baisse ?

Ce défi du recrutement aurait pu être mobilisateur. Malheureusement, les signaux envoyés aux équipes font craindre que la baisse annoncée des moyens en ETP (Équivalent Temps Plein), suite aux baisses budgétaires, et en DGH (Dotation Globale Horaire), suite aux réformes, ne permettront pas d’atteindre cet objectif. En effet, recruter plus d’élèves avec moins de moyens pourrait parfois rendre l’équation impossible à résoudre. C’est ce qui remonte de celles et de ceux qui gèrent les moyens en SRFD ou en EPL, sauf si des instructions et des explications nouvelles sont apportées.

Les injonctions émises par le ministère semblent contradictoires.

Comment dynamiser les équipes ? Lancer des projets innovants ? Rendre attractif notre enseignement dans un contexte où les dotations sont progressivement rognées ? Les injonctions émises par le ministère semblent contradictoires. Enfin, la baisse imposée en ETP devrait se traduire par le non renouvellement ou la baisse de quotité de travail d’ACEN (Agent Contractuel d’Enseignement National).

Le Sgen-CFDT propose…

Le Sgen-CFDT demande à ce que la DGER communique très rapidement des instructions :

  • pour expliquer comment mettre en oeuvre l’assouplissement des seuils de dédoublement des classes, proposé comme mesure d’ajustement ;
  • pour expliquer le calcul des DGH principales et optionnelles (DGH permettant de financer notamment les options, les spécificités pédagogiques particulières des établissements, les projets, etc.) ;
  • pour indiquer comment résoudre l’équation moyens en ETP et besoins en face à face.

l’occasion de réfléchir à plus long terme sur l’autonomie et l’organisation des établissements

Cette période de réformes qui s’empilent doit être l’occasion de réfléchir à plus long terme sur l’autonomie et l’organisation des établissements (affecter les moyens là où il faut), sur l’architecture des formations et des classes, à l’organisation des services des enseignants, à la mixité des publics, des parcours et sur la mixité des classes par niveau, par exemple en langues, et enfin sur la valence disciplinaire.

L’émission de signaux contradictoires brouille la lisibilité de la politique conduite par la DGER. Ceci est source de démobilisation des agents. Le Sgen-CFDT demande à ce que l’enseignement agricole soit doté des moyens (dotations) correspondant aux ambitions affichées par le ministre, celui de recruter plus d’élèves dans des conditions d’enseignement à la hauteur des enjeux et de la mission qui lui est confiée. Moderniser et réformer oui, mais pas à n’importe quel prix et dans n’importe quelles conditions !