La proposition de carte scolaire dans le Puy-de-Dôme a été rejetée par les syndicats représentatifs à deux reprises. L'administration a renoncé à certaines fermetures mais le mécontentement demeure. Pourquoi ?
Tout d’abord, les faits :
- Cette année la dotation pour le Puy-de-Dôme était de 18 postes en plus. L’administration avait initialement proposé 44 fermetures de classe et 50 ouvertures de postes, dont 22 ouvertures de classe et 24 postes de remplaçants (le reste concernant des ouvertures de postes RASED et des compléments de décharges de direction).
- Suite au vote contre des syndicats en CTSD et aux actions menées par les élus locaux et des parents d’élèves, l’administration est revenue sur certaines fermetures. Il y aura finalement 29 fermetures de postes (dont 26 fermetures de classes) et 53 ouvertures de postes (dont 22 ouvertures de classes et 18 postes de remplaçants).
Les actions ont permis le maintien de classes, essentiellement dans des écoles rurales mais il ne s’agit que de redéploiements. Les postes de brigades seront moins nombreux que prévus. Les besoins en remplaçants sont très importants depuis quelques années dans notre département et ne seront donc pas tous résolus.
Au SGEN-CFDT, nous identifions plusieurs problèmes concernant cette carte scolaire :
- la dotation nationale, malgré la baisse légère des effectifs, est insuffisante. L’augmentation des besoins ( postes pour les enseignants contractuels, dédoublements en REP+, augmentation des décharges de direction, limitation à 24 en CP/CE1…) nécessite plus de postes. Nous constatons la priorité accordée au premier degré mais elle est insuffisante. De plus, cette dotation complémentaire se fait au détriment du second degré qui voit le nombre de postes diminués d’autant. Certaines OS demandent un collectif budgétaire pour cette année. Nous nous associons à cette revendication. Cependant, selon nous, il est nécessaire d’obtenir l’établissement d’un plan pluri-annuel de recrutement et de dotation afin de permettre d’anticiper les ouvertures et fermetures, de rendre les cartes scolaires plus cohérentes et moins brutales.
- Les arbitrages de la DSDEN posent questions.
Le dialogue entre l’administration et les organisations syndicales ne fonctionne pas bien.
Comme l’an dernier, l’ensemble des représentants des personnels ont voté contre, ce qui a entrainé la tenue d’un autre CTSD avec quelques aménagements pris en compte.
- Notre département connaît deux problématiques qui rendent l’équation compliquée :
- Le nombre de remplaçants est insuffisant depuis plusieurs années suite à une priorité donnée aux postes classes et doit donc être augmenté ! C’est une revendication que nous partageons avec l’ensemble des organisations syndicales.
- Le territoire départemental est vaste et comporte de nombreuses zones rurales à faible densité. A ce propos, nous rappelons qu’une « convention ruralité » a été signée en 2017 entre les services de l’éducation nationale et les élus locaux du Puy-de-Dôme afin d’améliorer la situation des écoles rurales. La première étape consistait à établir un diagnostic puis il s’agissait de faire des propositions. Force est de constater que, 4 ans plus tard, les résultats sont peu visibles. Les mairies, les écoles sont informées au dernier moment des fermetures et chaque année, c’est la même histoire :
proposition de carte scolaire, levée de boucliers dans les communes concernées par les fermetures, reculs partiels puis rebelotte l’année suivante.
Il est plus que temps de mettre réellement en place une réflexion partagée sur l’évolution à moyen et long terme de l’offre pédagogique dans les zones rurales !
Les conventions ruralités (désormais présentes dans 52 départements français dont le nôtre) sont peu connues et peu efficaces. Elles étaient censées contractualiser un maintien des postes en échange d’une réorganisation du réseau des écoles mieux adaptée aux évolutions démographiques.Plusieurs rapports parlementaires ou émanant de l’inspection générale soulignent le manque de stratégies pédagogiques et territoriales d’ensemble qui émanent de ces conventions.
Elles n’ont, la plupart du temps, pas permis de sortir des logiques annuelles de carte scolaire et peinent à faire émerger une réflexion sur le long terme. Selon ces mêmes rapports, les élus locaux semblent mitigés face à ces conventions. Certains ont le sentiment que les marges de négociation sont faibles, d’autres sont dans une logique court-termiste et contestent le principe même de ces conventions.
De son côté, l’actuel gouvernement n’agit pas autrement en imposant des moratoires annuels sur les cartes scolaires sans que ne semble se dessiner de stratégie à long terme. L’an dernier, un moratoire décidé par le ministre Blanquer interdisait les fermetures de classe dans les communes de moins de 5 000 habitants sans accord du maire. Cette année, malgré les propos de Nathalie Elimas, secrétaire d’état à l’éducation prioritaire, sur lesquels se sont appuyés certains syndicats, ce sont les fermetures d’écoles et non de classes dans la ruralité qui sont soumises à un moratoire.
La logique de réflexion à long terme n’est donc réellement prise en charge ni au niveau gouvernemental ni au niveau local et pourtant, elle est indispensable, particulièrement dans notre académie ! En effet, l’évolution démographique va rendre la situation intenable dans de nombreuses écoles et la seule réponse ne peut être la demande de dotations nationales supplémentaires. - Au SGEN-CFDT Auvergne, nous sommes convaincus qu’une réflexion dans une perspective plus large, intégrant notamment le développement territorial, le périscolaire et l’extrascolaire, et basée sur une stratégie de long terme est indispensable pour faire face à l’évolution des écoles en milieu rural.
Tous les acteurs ont à gagner à cette réflexion :
- les enseignants des écoles qui subissent les conséquences de ce manque d’anticipation dans leurs conditions de travail : incertitudes sur l’avenir de leur école, de leur poste, difficultés pédagogiques, isolement, perte d’attractivité entrainant un turn-over parfois important.
- les élèves et les familles qui ont droit à un enseignement de qualité.
- les acteurs locaux et l’institution scolaire.
Le statu quo ne peut pas durer.
Nous appelons donc l’ensemble des responsables (inspecteurs d’académies, élus locaux) à faire connaître le diagnostic partagé dans le cadre de la convention ruralité et à publier les engagements qui ont pu y être pris.
Nous prenons l’initiative d’interpeller l’association des maires ruraux du Puy-de-Dôme et l’IA-DASEN du Puy-de-Dôme afin de mieux connaître les travaux menés dans le cadre de la convention ruralité et afin de les alerter sur la nécessité de mettre en place une réelle stratégie pour les écoles des zones rurales du département.