L’Université Clermont Auvergne, comme toutes les universités de France, est fermée depuis le 16 mars et ne réouvrira pas avant fin mai ou juin. Comment cette année universitaire va-t-elle pouvoir se poursuivre ?
D’ici là, un plan de continuité pédagogique entend faire le lien entre enseignants et étudiants et un plan de continuité de l’activité organise la poursuite des missions de l’université, dans le domaine de la recherche notamment. La réactivité et la flexibilité dont l’UCA a fait preuve face à la complexité des enjeux de cette situation doit être saluée. En quelques jours, nombre de services ont repris leur activité, de façon dématérialisée.
LES OUTILS NUMERIQUES : DES OPPORTUNITES MAIS AUSSI DES RISQUES
Nombre d’enseignants et d’étudiants sont désormais bien familiers de la plateforme Moodle, qui se révèle très utile dans le contexte exceptionnel actuel. Mais elle n’est pas magique. Ses capacités techniques sont limitées et dès la première semaine de confinement, les enseignants ont reçu pour consigne d’éviter les activités interactives pour pallier sa saturation. Surtout, elle risque d’accentuer plus encore les inégalités sociales et territoriales des étudiants face au numérique. L’université estime ainsi à 10 % la part d’étudiants ayant des difficultés d’accès au numérique, soit parce qu’ils ne sont pas suffisamment équipés, soit parce qu’ils ne disposent pas de connexion suffisante. Alors que nombre d’étudiants sont rentrés chez leurs parents dans des zones rurales du Massif central pour la période de confinement, leur accès à la plateforme moodle s’avère ainsi parfois très difficile.
Au-delà de la dimension technique de l’accès au numérique, cette période de confinement risque aussi de mettre à nu la dimension cognitive des difficultés de l’enseignement à distance. En temps normal, le taux de réussite en première année de licence est assez faible ; les raisons en sont diverses, mais les enseignants savent la difficulté à accrocher et motiver certains étudiants. Cette difficulté est décuplée à distance, alors que les cadres horaires et la présence humaine ont disparu.
Consciente de ces risques, l’UCA préconise de ne faire porter les évaluations que sur les contenus assurés en présentiel, avant la fermeture : cela permettrait d’éviter de pénaliser les étudiants ayant des difficultés à suivre les enseignements à distance.
COMMENT ORGANISER LES EXAMENS ?
Mais pour la première session d’examen, les évaluations du semestre ne pourront pas avoir lieu en présentiel et devront bien se tenir à distance, sous des formes très diverses. Les équipes pédagogiques travaillent actuellement à l’adaptation des modalités de contrôle des connaissances et des compétences, unité d’enseignement par unité d’enseignement, et devront trouver l’équilibre entre bienveillance et équité.
QUELLES CONDITIONS DE TRAVAIL POUR LES PERSONNELS ?
Sur les 3500 agents de l’UCA, 72% sont actuellement en travail à distance ou sur place quand c’est obligatoire et 28% ont reçu une autorisation spéciale d’absence (ASA). Les agents en ASA relèvent de deux catégories :
- celles et ceux dont les missions ne peuvent pas être réalisées à distance et ne sont pas critiques pour la sécurité de l’établissement (certains agents de la direction de l’immobilier et de la logistique, certains agents des bibliothèques) ;
- celles et ceux dont la situation personnelle rend impossible le travail à distance (garde d’enfants, d’ascendants, pas de moyens de communication permettant le télétravail, résidence en zone blanche,…).
Parmi les agents continuant le travail, 320 ont une autorisation pour déplacements professionnels. La plupart ne l’utilisent que très ponctuellement. Ces personnels ne sont donc jamais simultanément sur les sites universitaires. Le principe suivi par la présidence de l’UCA est de favoriser le plus possible le télétravail, quitte à trouver d’autres missions faisables à distance pour certains agents.
Les problématiques importantes qui se posent sont celle des rémunérations, des congés et des RTT. Les rémunérations seront assurées comme d’habitude pour la totalité du personnel à l’exception des intervenants extérieurs qui n’assureraient pas leurs enseignements. Les congés peuvent être choisis comme d’habitude par les personnels, avec la possibilité de revenir sur des congés posés avant le confinement. La question des RTT n’est pas encore clarifiée mais le sera prochainement. Pour les personnels qui subirait un isolement trop important (en télétravail ou en ASA), la cellule Risques PsychoSociaux a été réactivée afin que ces collègues puissent être aidés.
UNE COMMUNAUTE UNIVERSITAIRE SOUDEE POUR N’OUBLIER PERSONNE
Lors du Comité Technique du 2 avril, la présidence de l’université a présenté les mesures prises pour assurer la continuité de l’activité universitaire. Ce Comité Technique a permis de compléter les dispositifs mis en place afin de prendre en compte toutes les situations particulières. Par exemple le président de l’UCA a donné un accord de principe au versement d’une prime aux collègues d’astreinte qui doivent se déplacer sur les sites.
Les représentants du SGEN-CFDT sont intervenus sur le devoir d’équité de l’université vis-à-vis des étudiants de PACES face au concours, et sur l’importance d’adapter les formats des documents pédagogiques et administratifs afin d’aider les personnes qui ont seulement leur smartphone pour travailler. De même, suite à une de leurs questions, le Président de l’UCA s’est engagé à une réflexion forte et une refondation de la politique d’équipement informatique des agents en vue de ce travail hors présentiel et du télétravail après le retour à la normale.
Enfin, les représentants des personnels ont signalé plusieurs cas particuliers d’étudiants (étudiants en alternance mis au chômage partiel, étudiants réquisitionnés …) afin que les mesures prises puissent s’adapter à leur cas.
Dans ce contexte de crise sanitaire sans précédent, le SGEN-CFDT salue la qualité du dialogue social établi par la présidence de l’UCA avec les organisations syndicales.