Enquête stagiaire : une ESPE sourde aux revendications?

Printemps 2018, le Sgen-CFDT lance une enquête nationale en ligne sur l'année de stage qui vient étayer notre traditionnelle enquête locale. En voici les résultats, ainsi que les analyses et conclusions que le Sgen-CFDT en tire.

Quelques résultats de l’enquête nationale

  • 65% des répondant.es ne sont pas satisfait.es de leur formation notamment à l’ESPE.
  • Le temps de travail tout compris se situe majoritairement au-dessus de 40 heures, 20 % est au-delà de 50 heures, ce qui constitue un risque psychosocial que l’employeur se doit de prendre en compte.
  • Les avis des stagiaires sur le mémoire professionnel sont répartis en 3 tiers : plutôt oui / plutôt non / difficile à dire ! 68 % des stagiaires ne sont pas persuadé.es de l’intérêt de l’écriture du mémoire…

Vous pouvez consulter l’article complet sur cette enquête nationale ainsi que l’ensemble des résultats ici.

Qu’en est-il en Auvergne ?

Environnement et organisation

La satisfaction est cette année encore quasi unanime vis-à-vis de l’environnement matériel de l’ESPE Clermont Auvergne, tant au niveau des bâtiments et de leurs équipements, que du respect du planning et des horaires. Les références de la bibliothèque sont elles aussi saluées. L’ENT s’est lui amélioré.

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Par contre, plus de 50% des stagiaires ne sont pas satisfait.es par leur emploi du temps et certains relèvent des incompatibilités entre ESPE et établissements.

Formation et préparation au concours

65% des étudiant.es disent être bien préparé.es au concours et seulement 5% se disent très mal préparé.es, c’est bien moins que l’an dernier (15%) et c’est un bon signal ! Par ailleurs, 85% des stagiaires sont satisfait.es de leur formation disciplinaire, aucun.e ne se dit très mal formé.es, là encore, c’est mieux que l’an dernier ! Les intervenant.es sont disponibles mais ne semblent pas assez varié.es pour 28.6% des étudiant.es.

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Néanmoins, ces progrès sont très fortement nuancés par l’opinion des répondant.es sur la formation professionnelle.

62% des étudiants se disent mal formés au niveau pédagogique, contre 41% l’an passé.

L’ESPE ne semble pas avoir réagit pour combler cette carence qui devrait pourtant être le cœur de la formation. Ce ne sont pas moins de 86% des stagiaires ayant répondu à notre enquête locale qui dénoncent une préparation à la gestion de classe insuffisante (contre 80% l’an passé).

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Que manque-t-il pour les étudiants ?

« Gestion de classe (quelle attitude à adopter face aux questions, réactions des élèves), relations avec les parents d’élèves, l’administration… Et surtout, rien sur les droits des enseignants (journée de carence, droit de grève, etc etc). »

 

« Gestion des situations de crise, situations pédagogiques, construction de séquence, fiche de séance, … »

 

« Pistes pour la gestion de classe, davantage de didactique et de pédagogie, comment réagir face aux situations rencontrées (conflits entre élèves, sur une note, avec un parent…) »

Bref, les répondant.es veulent du concret sur leur métier !

Suivi et évaluation

Au niveau national, les relations avec les tuteurs et tutrices sont appréciées par plus des trois quarts des répondant.es. En Auvergne, les tuteurs et tutrices de terrain sont salué.es à plus de 85%.

Néanmoins, 81% des stagiaires dénoncent une charge de travail trop importante et incompatible avec la pratique du métier, ils n’étaient que 74% l’an dernier. La encore, l’ESPE Clermont Auvergne reste sourde aux revendications des stagiaires et du Sgen CFDT Auvergne.

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Les évaluations semblent mal positionnées dans le calendrier et déconnectées du métier57.2% des étudiants jugent les modalités d’évaluation peu satisfaisantes et manquant parfois de transparence.

L’avis des étudiants ?

« Beaucoup de travaux demandés sont sans intérêts et ne sont demandés que dans le but d’obtenir des notes »

 

« Travail personnel chronophage sans réel intérêt avec la pratique du métier »

 

« Les devoirs à rendre et oraux à préparer tombaient tous pendant la période des conseils de classe et saisie des appréciations. »

 

« Les consignes d’évaluation ne sont pas toujours explicites pour l’évaluation du Tronc Commun. »

Des améliorations nécessaires et pas impossibles

Au niveau national

Organiser les concours autour d’épreuves en lien avec la réalité du métier : la titularisation serait alors un premier bilan de compétences professionnelles.

Faire entrer progressivement en responsabilité : des stages d’observation et de pratique accompagnée devraient précéder la prise en main autonome des élèves,

Rendre la formation en alternance vraiment utile, en articulant étroitement la formation à l’ESPE et l’exercice du métier en classe,

Organiser la formation à l’ESPE sur deux vraies années consécutives, consacrées à la préparation du MEEF,

La formation m’a permis de réfléchir davantage à ma pratique et aux besoins de l’élève mais elle est bien trop lourde et devrait sans pression être répartie sur plusieurs années

Au niveau local, le Sgen Cfdt Auvergne reformule ses revendications :

– Des cours de pédagogie, de gestion de classe et de psychologie de l’adolescent sous une forme concrète et pratique de mises en situation

Un mémoire réduit et adapté à l’année de formation

Une évaluation du Master en contrôle continu, plus transparente et en lien avec le métier

Par ailleurs, pour le Sgen CFDT Auvergne, les professeur.es stagiaires, trop souvent mis.es sous pression et infantilisé.es, doivent être considéré.es comme des adultes et des professeur.es en devenir par l’institution et durant leur formation.