CONTINUITE PEDAGOGIQUE : EVITONS LA SURCHAUFFE !

La période qui s’installe n’est pas un sprint. C’est un marathon. Et à vouloir partir trop vite, chacun.e va sans doute vite épuiser une partie de ses réserves, alors même que ces mesures exceptionnelles s’imposent dans la durée.

Depuis la fermeture des établissements lundi 16 mars, les enseignants s’activent pour maintenir le lien avec leurs élèves et pour accueillir les enfants de soignants. Les élèves font preuve d’une application souvent louée par leurs enseignant.e.s à distance. Les services administratifs se démènent pour que la machine tourne malgré tout. En première ligne, les services des IA, les IEN, les équipes de circonscriptions, les personnels de direction et directeur.rice.s d’école montrent un dévouement quasiment à toute épreuve.

FATIGUE

Pourtant, après seulement une semaine de « continuité pédagogique », on peut facilement se rendre compte que chacun.e fatigue. Énormément.

  • Les personnels ont souvent passé des journées à batailler au milieu des innombrables outils disponibles et des difficultés techniques qui les accompagnent. Les demandes de l’institution s’accumulent et parfois se contredisent. Dernier exemple : déposer les devoirs dans des point-relais mais exposer les parents à des amendes !
  • Les élèves ne savent plus forcément où donner de la tête et peinent à s’organiser dans un contexte loin d’être toujours idéal pour le travail. Le cours est-il sur Pronote, dans l’ENT, sur Whatsapp, dans la boîte mail ou sur Discord ?
  • Et les parents contraints au télétravail sont requis au même moment pour faire l’école à la maison. Quant aux parents en activité maintenue ils culpabilisent de ne pas pouvoir faire face à la quantité de travail scolaire demandée à leurs enfants.

RALENTIR POUR TENIR DANS LA DUREE

Ancrée dans l’inconscient de beaucoup d’enseignants, la volonté de trop bien faire se combine avec un discours politique pour qui l’avenir de la société dépend de l’Ecole, que celle-ci peut tout et doit tout.

Souvenons-nous qu’en temps normal les professeurs de collège et lycée  n’étaient pas remplacés pour une absence de moins de quinze jours ! N’oublions pas combien de fois les élèves des professeurs des écoles absents étaient distribués dans les classes des collègues, ou tout simplement renvoyés dans leurs foyers ! Ces réalités du monde d’avant le confinement peuvent aujourd’hui nous aider à relativiser  cette fameuse « continuité pédagogique ».

Dé-cul-pa-bi-li-sons : nous allons (comme d’habitude) faire ce que nous pouvons, c’est-à-dire que nous allons tenter d’éviter le décrochage, en particulier chez les élèves fragiles, et préparer le raccrochage lors du retour en classe.

Mais osons nous l’avouer : la meilleure continuité pédagogique ne remplacera pas l’Ecole. Le niveau de service attendu des personnels ne peut pas être le même que celui attendu lorsqu’ils sont au bureau ou dans leur classe de classe.

Nous ne sommes pas en télétravail !

Le télétravail a besoin d’un cadre collectif et négocié, avec des balises et des garde-fous. Depuis une semaine, nous improvisons un travail à distance dans une situation de crise exceptionnelle, en fonction de nos compétences, de notre matériel personnel, de notre connexion. Les agents ne doivent pas en faire les frais. Le Covid ne doit pas être l’occasion de demander tout et n’importe quoi e>t de mettre en jeu la santé des personnels, bien au delà du virus lui même.

SYNDICALISTES EN TEMPS DE CRISE.

Syndicalistes responsables. Nous sommes conscients que notre hiérarchie ne peut pas tout savoir tant la situation est inédite et évolutive. Nous n’y voyons ni complot, ni incompétence. Nous refusons d’entrer dans cette course folle où chaque déclaration du ministre Blanquer entraîne des polémiques sans fin. Mais nous restons vigilants et posons une condition : nos interlocuteurs doivent  reconnaître aux organisations syndicales une intelligence partagée des situations.

Syndicalistes combattifs. Notre ministère n’a pas attendu le Covid pour demander à ses personnels de se transformer en super-héros, avec pour résultat de les acculer dans des situations intenables. Nous avons défendu suffisamment de collègues en souffrance pour convaincre ceux qui en douteraient. Mais il faut rajouter désormais de nouveaux facteurs de risque : l’isolement, la fragmentation des collectifs de travail, la disqualification d’agents désorientés par le tout-numérique.

Saisissez les militant.e.s du Sgen-CFDT Auvergne si vous recevez des consignes aberrantes ou si vous êtes l’objet de pressions de votre hiérarchie. Le Sgen-CFDT continuera d’intervenir depuis le premier niveau d’encadrement local jusqu’au ministère.