La première phase de concertation sur la réforme de la voie pro est arrivée à son terme le 27 janvier. Lors du Groupe de Travail conclusif, l’ensemble des pistes retenues à l’issue des 3 mois de concertation ont été présentées. Elles serviront désormais à définir les axes de la réforme.
Méthode de travail
Sur la méthode de travail, le Sgen-CFDT se satisfait d’avoir été entendu sur 2 points majeurs, gages de transparence dans cette « concertation voie professionnelle » particulièrement dense.
Premièrement, des comptes rendus et des relevés de décisions ont été systématiquement produits après chaque séance. Cela a donné de la visibilité aux propositions qui se dégageaient au fur et à mesure des échanges. Deuxièmement, la mise en place d’un G.T. conclusif présentant l’ensemble des pistes, devrait permettre un regard objectif sur la teneur du rapport qui sera transmis au ministère.
Le suivi et la transparence de ce processus a permis un repérage des points de vigilance. Nous avons aussi identifié les éléments de convergence et de divergence en lien avec nos revendications. Pour plus de précisions, lire cet article.
Les résultats de cette première phase de concertation voie professionnelle ne garantissent aucunement la manière dont les pistes proposées par les G.T. se traduiront en mesures opérationnelles, tangibles et perceptibles dans le quotidien de travail des personnels.
Une concertation voie professionnelle, et après ?
Annoncées comme une réforme progressive, il est difficile à ce jour de savoir dans quelle mesure et à quelle date précisément la réforme sera définitivement mise en place. Le ministère souhaite expérimenter certaines mesures durant l’année scolaire 2023-2024. Le Sgen-CFDT exigera une évaluation permettant de valider ou non leur pertinence.
Par ailleurs, un certain nombre de pistes pourraient nécessiter des modifications réglementaires, statutaires et financières en lien ou pas avec les expérimentations. La démarche imposera :
- un dialogue social exigeant avec tous les partenaires sociaux pour évaluer les conséquences pour les personnels,
- un dialogue avec les organisations patronales sur la question des relations écoles-entreprises,
- la mise en place d’un comité de suivi des mesures en cours d’expérimentation,
- une validation collégiale avant toute généralisation automatique et anarchique en 2024.
Concertation Voie Professionnelle : un préalable indispensable
Durant ces 3 mois de concertation, le Sgen-CFDT a d’abord cherché à repousser la logique de transformation de la voie pro scolaire en une structuration calquée sur le modèle de l’apprentissage. L’augmentation de 50 % des PFMP n’a obtenu aucun consensus.
Le 27 janvier, la ministre a annoncé qu’elle écartait la généralisation de l’augmentation de 50 % des PMFP. Cette décision a été justifiée parce qu’elle n’avait pas fait consensus à l’issue des travaux de concertation. La ministre a admis que les élèves étaient trop jeunes et qu’ils devaient passer plus de temps à l’école. Lors de la grève du 18 octobre, sortir la question de l’augmentation de 50 % des PMFP était un préalable du Sgen-CFDT pour entrer dans les concertations. C’est bien le travail de concertation qui a abouti à démontrer que cette mesure n’était pas souhaitable. Le Sgen-CFDT se félicite d’avoir participé à écarter cette solution que nous avons combattue dans les GT.
Néanmoins, le Sgen-CFDT reste prudent et vigilant. La proposition de « modularisation des PFMP en fonction du projet des élèves » ne doit pas être une méthode déguisée d’imposer l’augmentation de 50% des P.F.M.P.
Le Sgen-CFDT a porté des revendications pour les personnels
- quel sens donner à notre travail, quels sont les rôles du LP, quelles sont les missions exercées par les agents,
- quelle reconnaissance de la réalité et de la complexité du travail en LP, notamment par une reconnaissance financière à la hauteur des enjeux et des conditions de travail,
- quels moyens nécessaires pour répondre aux enjeux des ambitions portées par la voie professionnelle.
Aujourd’hui, l’accompagnement des jeunes dépasse largement la vision étroite qui réduirait la voie pro scolaire à l’apprentissage strict d’un métier. Pour le Sgen-CFDT, la voie pro scolaire s’inscrit avant tout dans un lycée dont la particularité est de dispenser une éducation professionnelle avec un cadre pédagogique adapté aux élèves accueillis.
Nous affirmons la polyvalence du lycée « à la Française », capable de proposer des modalités d’apprentissage diversifiées et différentiées pour accompagner tous les élèves en leur offrant les mêmes perspectives.
La voie pro bute sur actuellement sur le niveau de qualification attendu par les diplômes de CAP et de Bac pro. Le temps de formation réduit se confronte aux profils d’élèves très exigeants. Le système est mis en tension parce que les exigences certificatives sont aujourd’hui difficilement atteignables malgré un taux de diplomation supérieur à 80 %.
Définition des diplômes en bloc de compétences
Le Sgen-CFDT revendique des diplômes en bloc de compétences, transversales et dans toutes les disciplines. Faut-il assurer un socle de compétences minimales ? Quelle place pour les compétences transversales et comportementales ? Comment sortir d’une organisation exclusivement par compétences disciplinaires ? Pour le Sgen-CFDT, la TVP a imposé des enseignements pluridisciplinaires (co-enseignement et chef-d’œuvre) sans donner les moyens aux personnels de se reposer sur des objectifs de formation communs pour travailler ensemble.
Année Post-diplôme
Pour répondre à la question du niveau de qualification attendu, notre proposition de s’appuyer sur une année post diplôme est retenue. Cela permettrait de sécuriser le parcours des jeunes en termes d’insertion professionnelle ou de poursuite d’étude.
Du temps de concertation
L’ensemble des GT ont identifié les besoins de temps de concertation pour construire une ingénierie pédagogique complexe. Le Sgen-CFDT revendique du temps pour les personnels. Mais aussi de faire confiance aux équipes. C’est pourquoi les GT ont entendu notre proposition de pondération horaire pour revaloriser le travail des PLP. Pondération qui se voudrait identique à celle des professeurs certifiés et agrégés qui exercent en REP+, lycée GT ou BTS.
Des moyens humains
Le LP est un environnement inclusif qui concentre des problématiques diverses et variées qui exigent davantage de moyens humains. Conformément aux revendications du Sgen-CFDT, les GT ont retenu dans leurs propositions, le fait de s’appuyer sur des équipes pluri-professionnelles constituées de collègues spécialisés plus nombreux, mais aussi de généraliser le déploiement de professeurs référents (handicap, décrochage, inclusion, relation école-entreprise, etc.) reconnus par des IMP.
Freins à l’apprentissage
Les GT ont entendu les freins et les obstacles qui empêchent sa mise en place dans les LP. Les éléments portés par le Sgen-CFDT :
- ne pas remettre en cause l’organisation du service des enseignants,
- sécuriser les effectifs enseignants par la prise en compte des apprentis dans la DHG,
- rendre transparent les mécanismes de reversement des fractions du coût contrat.
Relation école-entreprise
Afin de faciliter le travail des personnels dans la recherche de PFMP de meilleures qualités, les GT proposent de :
- fournir des viviers d’entreprises avec des profils adaptés aux élèves,
- reconnaître le rôle des tuteurs d’entreprises et de labelliser les entreprises apprenantes,
- permettre les synergies en renforçant des écosystèmes favorisant les liens et les partenariats entre les LP et les entreprises sur un territoire plus petit que celui des C.M.Q.
Points de vigilance
- Professeur/formateur/professionnel associé : Faire intervenir ponctuellement un professionnel dans un module d’insertion professionnelle peut se justifier. Mais cela ne nécessite pas de lui conférer le titre de professeur ou formateur
- Certifiés/agrégés en LP pour une part de leur service : Se pose le problème de la bivalence
- Modulation ou adaptation des PFMP selon le projet de l’élève : Il ne faudrait pas que cela soit le retour des 50% de PFMP en plus. Quid de cette modulation au sein d’une même classe et de l’impact sur le travail des collègues ?
- CAP en 3 ans : bonne idée qui ne marche pas avec les moyens actuels