Uniforme ou tenue d’établissement : cinq arguments contre

Uniforme, tenue d'établissement, le marronnier revient cette année sous forme de groupe de travail parlementaire et d'une proposition de loi. Pour le Sgen-CFDT, légiférer sur la tenue vestimentaire des élèves est une impasse, cela ne répond pas aux défis que le système éducatif affronte.

Alors que des député.e.s de plusieurs groupes politiques à l’Assemblée nationale réfléchissent à une tenue d’établissement, proposent de légiférer pour introduire un uniforme à l’école, le Sgen-CFDT rappelle les raisons pour lesquelles nous nous opposons à cette éventualité.

L’uniforme ne répond pas à une attente sociale

L’exemple de Provins est à ce titre probant. Une consultation menée en novembre 2018 indiquait que 62% des parents y étaient favorables sur le principe. Mais quand il s’est agi de passer aux actes on a constaté que très peu d’élèves le portaient effectivement à la rentrée 2019, et plus aucun à la rentrée 2020. Le passage de l’idéel au réel ne s’est pas fait, ce qui indique qu’il n’y a pas de demande sociale quant au port de l’uniforme scolaire.

L’uniforme n’a pas d’efficacité éducative

Il n’y a aucun effet positif prouvé scientifiquement lié à l’introduction de l’uniforme pour les élèves dans les établissements scolaires. Une équipe de scientifiques américains s’est intéressée à l’impact de l’uniforme sur l’assiduité, l’anxiété, le repli sur soi, la violence, le sentiment d’appartenance, et autres caractéristiques sociales des plus jeunes.

Il en résulte que le port de l’uniforme à l’école n’a pas eu d’effet sur le comportement des enfants, tous âges confondus, que ce soit en termes d’assiduité, de problèmes comportementaux ou de sentiment d’appartenance.

L’uniforme ne réduit pas les inégalités scolaires

Il n’y a aucune réflexion sérieuse sur la réalité des inégalités à l’École. Les enquêtes PISA comme celles menées par la DEPP montrent que le système scolaire français a tendance à accentuer les inégalités. La récente publication des IPS des établissements scolaires montre des écarts sociaux majeurs entre collèges. On a du mal à voir comment l’uniforme pourrait remédier à ces tendances lourdes, si ce n’est en jetant un voile pudique dessus.

Et les personnels dans tout ça ?

Il n’y a aucune réflexion sérieuse sur les effets de l’uniforme scolaire sur le travail des personnels. La charge de travail imposée notamment aux équipes de vie scolaire quant au contrôle de conformité n’a pas été réellement évaluée, pas plus que les contentieux qui ne manqueraient pas de se multiplier. Dans la mesure où il n’y a ni attente sociale ni effets positifs observés le rapport bénéfices / coût d’une telle mesure plaide en faveur de sa non-mise en œuvre.

Qui pense aux besoins des élèves ?

Il n’y a aucune évaluation des besoins réels des élèves. Le système éducatif doit se pencher sur le nécessaire développement des compétences socio­-comportementales (personnalisation de l’enseigne­ment, travail coopératif, changement du système de nota­tion) pour favoriser la confiance, la coopération et l’autonomie. Une loi sur l’uniforme irait à rebours de ces objectifs.