Ecole inclusive et conditions de travail des AESH : le SGEN Auvergne intervient auprès du Recteur

Nous avons pointé les nombreux dysfonctionnements et porté nos revendications.

Nous avons rappelé notre soutien au principe d’une école inclusive mais sous condition d’y mettre les moyens nécessaires. Nous refusons une inclusion « low cost » au détriment des élèves et des personnels.

Le SGEN-CFDT Auvergne a été reçu par M. le Recteur de l’académie de Clermont-Fd mercredi 24 novembre 2021. Notre délégation était composée de militant.e.s de divers horizons, ce qui nous a permis d’aborder de nombreux sujets . Le Recteur Benmiloud était accompagné par Mme Paulet-Rafaitin et M. Fuentes (coresponsables du service de l’Ecole inclusive).

Concernant l’Ecole inclusive, nos constats se sont principalement appuyés sur des faits relevés dans le département de l’Allier, mais les autres départements de l’Académie sont aussi impactés de la même manière.

Nous avons donné plusieurs exemples de dysfonctionnements :

  • Sur le département de l’Allier de très nombreux dossiers en attente d’instruction par la Maison Départementale de l’Autonomie accusent un retard de traitement extrêmement conséquent (plus de 10 mois). C’est un fait inacceptable. Sur le terrain, dans l’attente, les situations se dégradent lourdement et les enseignants font ce qu’ils peuvent tout en sachant que face à ces situations, on en vient malheureusement, à délaisser des élèves qui devraient suivre leur cursus.
  • les places en IME et SESSAD sont inférieures aux besoins, comment envisager un déblocage de situation ?
  • Les territoires des circonscriptions de Vichy 1 et Vichy 2 ne disposent pas actuellement de Centre Médico-Psycho-Pédagogique. Or, plutôt que d’attendre des prises en charge cloisonnées par divers professionnels qui n’arrivent pas, un CMPP permettrait de suivre des enfants dans leur globalité.
  • Les besoins en suivi orthophonique sont criants, mais on se heurte à une pénurie de professionnels qui ont désormais des listes d’attente de 3 ans avant une éventuelle prise en charge !

Le numerus clausus de la formation d’orthophoniste est bas et ne permet pas de former un nombre suffisant de professionnels pour répondre aux besoins réels des territoires. Une augmentation de ce dernier devrait être envisagée.

Nous avons fait appel aux parlementaires de l’Allier afin que la législation évolue et surtout que le numerus clausus de cette profession augmente. Le SGEN-CFDT Auvergne demande l’intégration d’un contingent d’orthophonistes  directement rattaché aux écoles, à l’image de ce qui se fait avec les médecins et psychologues scolaires.

Monsieur le Recteur nous a dit être conscient des difficultés vécues dans les territoires, tout en soulignant que l’Allier est, historiquement, l’un des départements français les mieux dotés. Toutefois, les réponses apportées nous semblent bien insuffisantes face à ces problèmes de dysfonctionnement récurrents et qui s’installent dans le temps.

M. Fuentes nous a renvoyé aux enseignants référents, à l’équipe pluridisciplinaire d’évaluation ainsi qu’à l’équipe mobile d’appui à la scolarisation sous l’autorité de l’IEN et de l’IEN ASH. Or, ces professionnels sont eux-mêmes en difficulté. Il est urgent de mettre de véritables moyens humains et matériels pour l’école inclusive !

L’existence des PIAL a été rappelée, mais on sait que de nombreux dysfonctionnements et une grande disparité subsistent malgré leur déploiement.  Et surtout, ces pôles ne viendront pas résoudre tous les problèmes. L’inclusion des élèves à besoins particuliers ne se fait pas dans de bonnes conditions. La politique inclusive ne doit pas être une politique que l’on mène au rabais.

Nous voulons un véritable statut pour les AESH.

Après avoir rappelé la position nationale du SGEN-CFDT, à savoir la création d’un statut de catégorie B pour les AESH, nous avons évoqué quelques pistes d’améliorations réalisables à l’échelle académique.

Dans un premier, temps, et afin de permettre aux AESH qui le souhaitent de travailler davantage et de percevoir un complément de revenu, nous avons demandé à ce que les collectivités locales soient informées de la possibilité d’employer des AESH. En effet, si la situation d’un élève nécessite l’accompagnement humain sur le temps périscolaire, celui-ci est désormais à la charge des collectivités locales (commune ou communauté de commune) et non plus de l’Education nationale. Les AESH qui le souhaitent ou qui en ont la possibilité peuvent ainsi accompagner des enfants sur les temps de garderie / étude, de cantine, voire d’accueil de loisirs. Il a également été évoqué la question de la coordination entre les différents professionnels qui interviennent autour d’un enfant.

M. le Recteur et Mme Voisse ont répondu qu’ils contacteraient le Centre de gestion de la fonction publique afin que les collectivités locales soient informées de cette possibilité.

Nous avons ensuite débattu de la question du manque d’AESH qui revient à chaque rentrée scolaire.

M. Fuentes nous a répondu que les budgets sont attribués au printemps, en fonction du nombre réel d’élèves notifiés pour la rentrée suivante.

Nous avons objecté qu’avec un délai de traitement moyen des dossiers par la MDPH autour de 8 mois, ce chiffre était obligatoirement sous-évalué. Nous avons alors proposé que le nombre de nouvelles demandes d’accompagnement humain soit transmis par les enseignants-référents avant l’attribution des budgets. Il nous a été répondu qu’environ 35% des demandes d’accompagnement humain étaient refusées, et que l’Education nationale n’avait pas de vocation prescriptrice.

Le SGEN-CFDT Auvergne n’a pas été convaincu par ces arguments. Si l’Education nationale voulait anticiper, elle pourrait se baser en première approximation sur le nombre de nouvelles demandes avec un coefficient de 65 %.

Nous avons ensuite abordé la question de la formation – insuffisante – des AESH, mais également celle des enseignants, qui se sentent bien souvent démunis face aux élèves en situation de handicap. Nous avons salué l’ouverture de la plateforme M@gistère aux AESH pendant le confinement du printemps 2020, toutefois nous avons déploré le manque d’information à ce sujet. En effet, peu d’AESH savent ce qu’est M@gistère, et qu’ils peuvent y suivre des modules d’autoformation. Nous avons proposé la mise en place de formations conjointes pour les enseignants et les AESH. En effet, le travail de deux professionnels aux missions différentes tout en étant complémentaires n’a rien d’inné. Des formations communes leur permettraient d’améliorer leur collaboration, de croiser leurs regards autour des élèves, pour individualiser les parcours au plus près de leurs besoins.

Le Rectorat a évoqué le changement de maquette du Master MEEF pour la rentrée 2022, avec l’ajout d’un module dédié à l’école inclusive, l’INSPE de Chamalières y ayant d’ailleurs consacré un volume horaire plus important que la recommandation nationale. C’est une avancée indéniable pour les futurs enseignants, mais qu’en est-il des enseignants déjà titulaires, ou de ceux ayant obtenu un autre Master ?

Il nous a été répondu qu’outre M@gistère, la plateforme C@p école inclusive, ouverte aux AESH comme aux enseignants, contient de nombreux outils. Néanmoins, cette plateforme reste peu connue des personnels. Enfin, on nous a également vanté  la future Ecole académique de formation, qui ouvrira à la rentrée 2022. Cependant, il a été reconnu que personne n’avait envisagé la possibilité de proposer des formations inter-catégorielles.  Notre demande sera prise en considération dans la mise en place de ce projet.  Nous n’avons pas obtenu davantage d’éléments sur cette future Ecole. Sera-t-elle un organe supplémentaire dans une organisation déjà lourde et opaque ? Aura-t-elle vocation à remplacer ce qui existe actuellement ?

Nous sommes très dubitatifs sur ce que cette Ecole académique de formation pourra apporter de plus par rapport à la Dafor.

Nous avons enfin abordé la mise en place des AESH référents, comme cela aurait dû être fait lors du déploiement des PIAL, ainsi que la question du remplacement des AESH.

Nos interlocuteurs nous ont répondu que seuls deux départements de l’académie avaient été dotés, le budget n’étant pas suffisant dans les deux autres pour rémunérer un AESH référent. Quant au remplacement des AESH absents, seules les absences longues (c’est-à-dire supérieures à quinze jours comme les arrêts longue durée, les congés maternités ou parentaux) font l’objet de remplacements. Le Rectorat n’a pas été en mesure de quantifier précisément le nombre d’AESH en absence “longue durée” et remplacés. Nous avons appelé la création d’une “brigade” d’AESH comme cela se fait pour les professeurs des écoles. Le Rectorat a objecté qu’il est impossible de faire des contrats de moins de trois ans… Prétexte pour masquer le manque de moyens subi par l’Ecole inclusive !

Le SGEN-CFDT continuera d’agir en faveur des AESH et des autres personnels de l’Ecole.

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