Le SGEN-CFDT Auvergne a été reçu au rectorat de Clermont-Fd mercredi 24 novembre 2021. M. le Recteur Benmiloud était accompagné par Mme Voisse (Directrice des Ressources Humaines), M. Vial (directeur de cabinet), Mme Paulet-Rafaitin et M. Fuentes (coresponsables du service de l’Ecole inclusive).
Nous avons alerté le rectorat sur la situation catastrophique de très nombreux personnels en cette rentrée 2021 : nos collègues sont touchés par le découragement, l’épuisement ou la détresse. Les autorités académiques ou ministérielles inspirent la défiance voire l’hostilité.
Le SGEN-CFDT était représenté à cette audience par Mme Jacquot (AESH), Mme Boudieux (professeure des écoles), M. Yolal-Legendre (personnel administratif) et M. Meissonnier (professeur du second degré).
Notre délégation était composée de militant.e.s de divers horizons, ce qui nous a permis d’aborder de nombreux sujets :
- l’effet de la pandémie sur le système éducatif et les personnels
- l’école inclusive
- la réorganisation territoriale et les conditions de travail des personnels administratifs
- l’égalité professionnelle homme/femme
- rémunération et attractivité des personnels enseignants
1- Les effets de la pandémie sur le système éducatif et les personnels
Nous constatons des retards d’apprentissage, une aggravation des écarts de niveaux entre les élèves, une difficulté accrue à entrer dans le « métier » d’élève, des difficultés relationnelles entre pairs. On peut se demander si tout cela n’est pas en relation avec une exposition accrue aux écrans, notamment pendant le confinement et les périodes de scolarisation à domicile (cas contact, fermeture de classe).
Nous avons rappelé que le port du masque entrave les apprentissages et la compréhension, complique la gestion de classe, alourdit la fatigue (notamment en sursollicitant les cordes vocales).
La covid a accentué l’épuisement de beaucoup de professeurs à cause du masque.
Nous avons dénoncé une communication fondée sur une approche quantitative de la situation : combien de classes, combien d’écoles fermées… Les autorités ministérielles et académiques occultent le sacrifice de la qualité de la relation pédagogique. Le ministère doit écouter
Par exemple, dans les collèges où le changement de salles a été imposé aux enseignants à chaque séance, nos adhérent.e.s nous ont remonté
- le stress permanent des horaires et de déplacements incessants
- la débauche d’énergie pour réinstaller une atmosphère de travail à chaque interclasse
- l’impossibilité de prendre quelques minutes pour écouter les confidences d’un élève
- l’impossibilité de recadrer et tendre la main à un élève agité
- l’impossibilité de redonner confiance à un élève qui a raté une évaluation…
Le Recteur a salué « l’effort colossal déployé par les personnels » et s’est dit conscient que « le temps de la reconstruction sera très long avant que les équipes puissent se remobiliser sur des projets éducatifs ».
Mais les mots ne suffisent pas : nous avons besoin de solutions soutenables dans la durée face au Covid
2- Ecole inclusive et conditions de travail des AESH
Nous avons rappelé notre soutien au principe d’une école inclusive mais sous condition d’y mettre les moyens nécessaires. Nous refusons une inclusion « low cost » au détriment des élèves et des personnels.
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3- Réorganisation territoriale et conditions de travail des administratifs
Le SGEN-CFDT joue un rôle actif dans les concertations au sein du groupe de suivi « réorganisation territoriale ». En particulier nous participerons au groupe de travail du mardi 14 décembre 2021 avec l’objectif d’y voir plus clair dans l’organisation des services interacadémiques.
Le Recteur n’a pas pu nous apporter d’informations avant la réunion de cette instance, hormis la confirmation du chef de service à la Division des Affaires Financières.
Concernant le télétravail dans les services académiques (rectorat et DSDEN) nous avons dénoncé qu’une circulaire limite sa durée à deux jours dans l’académie de Clermont-Fd alors que les personnels des académies de Lyon et Grenoble ont accès à trois jours de télétravail. M. le Recteur a répondu qu’il n’était pas fermé sur ce sujet, mais il a renvoyé les discussions vers M. Cavé, secrétaire général du rectorat. Nous avons regretté l’absence de M. Cavé, excusé à la dernière minute en réponse à une demande du ministère.
Nous avons exprimé notre satisfaction pour la revalorisation en janvier 2022 des personnes de catégorie C, tout en dénonçant la limite de plus en plus ténue entre les grilles des catégories C et B. Nous avons averti que le manque d’attractivité constaté dans les catégories A risque de s’étendre aux catégories B.
4- Egalité professionnelle
Nous avons accueilli avec satisfaction la désignation d’une référente académique égalité professionnelle et diversité (Mme Faure) mais nous avons interrogé les écarts entre les grandes déclarations et leur mise en œuvre.
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5- Rémunération et attractivité du métier d’enseignant
Nous avons dénoncé une prétendue revalorisation fondée en réalité sur l’obligation de faire des heures supplémentaires. De plus, il est prouvé que les hommes font plus d’heures supplémentaires que les femmes : on aggrave les écarts dénoncés dans le cadre de la politique d’égalité professionnelle.
Nous avons souligné l’énorme déception autour des rendez-vous de carrière. Les enseignants ont besoin de reconnaissance et les avis élogieux des chefs d’établissement ou inspecteurs ne suffisent pas ; les rendez-vous de carrière ont été présentés comme un moment de reconnaissance de l’investissement, toutefois les avis littéraux élogieux aboutissent à une évaluation sur 4 niveaux, souvent à la baisse en raison du contingentement des avis “excellent”. Il en résulte de la colère, de l’amertume et du découragement. Certains professeurs avaient l’impression d’être reconnu en gagnant 2 ou 3 points de notes pédagogiques. Dans le système PPCR, pourtant globalement plus avantageux, l’appréciation du troisième rdv de carrière est fréquemment inférieure à l’appréciation des 6e et 8e échelons : les collègues ont le sentiment légitime d’un marché de dupes.
Nous avons revendiqué l’aménagement des fins de carrière, et ce autrement que le passage à temps partiel (qui devrait être de droit après 55 ans) : possibilité de remplacer une partie de la charge d’enseignement par d’autres activités au service des élèves et de l’établissement : tutorat de stagiaires (trop souvent imposés par inspecteur), professeur principal (trop souvent imposés par le chef d’établissement), devoirs faits, responsabilité d’un niveau…
Nous reconnaissons qu’il n’existe pas de solution adaptée à tous les profils, mais il est urgent que notre administration s’adapte à l’allongement des carrières tout en prenant soin des collègues.
Mme la DRH n’a pas contesté nos constats mais a rappelé que ces sujets sont nationaux. Elle a néanmoins voulu souligner que le rectorat de Clermont a fait des efforts pour accorder des temps partiels sur autorisation.
Au niveau national, le SGEN-CFDT intervient sans relâche sans relâche sur ces questions de rémunération. Les mesures annoncées dans le budget 2022 sont loin de compenser la baisse tendancielle des salaires des enseignants. Le compte n’y est pas, il est urgent d’investir dans l’Education !