Au seuil de cette nouvelle année 2020-2021, l’anormal reste d’actualité et la visibilité réduite à quelques jours, sinon quelques heures.
L’année scolaire 2019/2020 a été chaotique. Envers et contre tout, les personnels de l’Education Nationale ont fait face à une situation inédite, anormale. Les enseignants ont répondu présent.e.s sur scène, face à leurs élèves, et chez eux, dans les coulisses.
Au seuil de cette nouvelle année 2020-2021, l’anormal reste d’actualité et la visibilité réduite à quelques jours, sinon quelques heures. Pour tenir le cap dans leurs classes et leurs établissements, les personnels ont besoin nécessairement de consignes claires, de protocoles précis, aussi stables que l’évolution des connaissances scientifiques le permet. Sur le devant de la scène médiatique, notre ministre, M. Blanquer a beaucoup communiqué. La multiplication des informations diffusées a trop souvent semé le trouble. Qui doit porter un masque ? Dans quelle situation ? Le ministère fournira-t-il des masques aux enseignants, aux élèves ? Quel protocole en cas de suspicion de COVID ou de contamination dans un établissement ? Quid des personnels vulnérables ? Il a fallu attendre la fin du mois d’août pour que le protocole sanitaire soit définitivement précisé et même une circulaire du 1er septembre pour définir les règles de protection des agents de l’Etat !
Même si la situation sanitaire implique de faire preuve de réactivité, le SGEN-CFDT Auvergne affirme qu’il était possible et nécessaire pour notre ministère d’anticiper davantage les conditions de rentrée ! Apprendre par les médias le discours à tenir aux parents d’élèves et aux élèves quelques jours après met les enseignants et les personnels de direction dans une situation intenable !
L’impression si désagréable d’être tenus pour des figurants …
La situation des personnels vulnérables est, à ce titre, emblématique d’une gestion précipitée. Il a été dit que les Autorisations Spéciales d’Absences ne seraient plus délivrées, nous apprenons dans cette circulaire que les personnes reconnues vulnérables pourront en bénéficier. La liste des personnes vulnérables établie par le HCSP est toujours valide mais le nouveau décret en exclut certaines maladies, ce qui plonge certains collègues dans le désarroi : doivent-ils se mettre en congé maladie (sachant que le jour de carence reste en vigueur) ? Doivent ils s’exposer ? Nous dénonçons cette situation.
Le ministère est responsable de la protection de ses personnels.
Le confinement de l’an dernier et la continuité pédagogique en télétravail ont mis en évidence l’importance de l’équipement numérique. Le « nous sommes prêt » proclamé par M. Blanquer dans toutes ses déclarations a masqué d’évidentes disparités. Le dispositif « ma classe à la maison » n’était pas toujours opérationnel, les enseignants ne disposaient pas tous de moyens et de compétences numériques suffisants. Les besoins en formation, en équipement des personnels nécessitent des réponses rapides et concrètes. Une prime d’équipement a été annoncée par le ministre pour 2 021. Mais le SGEN-CFDT attend des actes !
Si la continuité pédagogique à distance s’installe dans le temps, l’équipement numérique et la formation des enseignants doivent être financés par notre ministère. Quant aux équipements numériques des élèves, les situations sont également très disparates. Le ministère annonce que « 2 000 ordinateurs sont prêts à être déployés en lien avec les collectivités territoriales ». Au-delà du ridicule de la faible ampleur des quantités annoncées pour le territoire national, il nous semble fondamental qu’un recensement des besoins et qu’un plan national soient mis en place. C’est une condition indispensable pour lutter contre les inégalités scolaires !
Autre annonce : la revalorisation des enseignants…
La somme est désormais connue : ça sera 400 millions d’euros dans le prochain budget. Moins que les 500 millions évoqués dans un premier temps ! Des priorités sont mises en avant : les entrants dans le métier, les directeurs avec une prime de 450 € avant la fin de l’année civile, l’équipement numérique. Un « Grenelle » est évoqué… Le gel du point d’indice, l’accumulation des missions, le manque de reconnaissance minent la confiance dans la parole publique. Là encore, les personnels de l’Education Nationale attendent des actes. Le débat sur les retraites a été l’occasion de prouver au grand public la stagnation des salaires dans l’Education Nationale. Au-delà des annonces, il faut désormais des actes !
Le rôle du syndicalisme, tel que nous le concevons, ce n’est pas de faire une scène pour rien, pour tout, c’est de proposer des idées, d’alerter, de se battre pour améliorer les conditions de travail et d’enseignement. Certaines instances paritaires permettaient aux représentants du personnel d’être entendus, sinon écoutés. Malheureusement, la loi de Transformation de la Fonction Publique a mis à mal le dialogue social. Les commissions paritaires ont été vidées de leur substance. Concrètement, ce sont les mutations, les promotions qui se font désormais dans l’opacité. Ce goût pour l’opacité gagne des instances où les conclusions ont pourtant l’obligation d’être publiques ! Les comptes-rendus des CHST-CT de l’Académie de Clermont Ferrand n’ont toujours pas été publiés. Cette situation est anormale et inacceptable. Le DRH de l’académie nous a fait des promesses mais le SGEN-CFDT veut des actes ! Les personnels ont besoin d’informations transparentes et fiables.
L’Ecole de la confiance ne se décrète pas. Elle ne peut naître que du dialogue transparent et constructif. Au SGEN-CFDT Auvergne, nous sommes convaincus de l’importance de notre rôle d’agents de l’Education Nationale, de notre capacité collective à relever les défis sanitaires, pédagogiques et sociaux. Pour y parvenir, nous avons besoin d’un cadre réglementaire clair et précis, d’une reconnaissance concrète, notamment financière, d’un respect des instances, d’une protection des personnels.