A quelles conditions peut-on réussir une réouverture des écoles en assurant la sécurité et la confiance ?

Le Sgen-CFDT Auvergne adresse ses revendications aux DASEN de l'Allier, du Cantal, de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme : durée de la pré-rentrée, préparation collective, nombre d'élèves par classe...

Le SGEN CFDT Auvergne prend acte de la décision gouvernementale de procéder à la réouverture progressive des écoles élémentaires et maternelles. Nous sommes conscients de l’importance sociale de l’école. L’engagement des enseignants pour assurer la continuité pédagogique a montré une grande capacité d’adaptation et a été très riche mais nous savons qu’il laisse certains élèves sur le côté. Les enfants les plus éloignés de l’école, les moins équipés numériquement et les moins aidés dans leurs familles ont besoin de retourner à l’école.

 

Cependant, il nous semble absolument indispensable d’éviter la précipitation dans cette période très particulière. Un protocole sanitaire national est prévu afin de préciser les modalités de réouverture des écoles. Etant donné la complexité de l’organisation de travail qu’implique la mise en place d’un tel protocole,  étant donné l’inquiétude légitime des personnels et des familles,  il nous apparaît fondamental d’insister sur les constats suivants :

 

Les conditions matérielles conditionneront le nombre d’élèves pouvant être accueillis : quantité de masques, de savon, de points d’eau, configuration particulière de chaque école (taille des classes, des couloirs, des cours…)

– Pour assurer les conditions sanitaires indispensables, l’ensemble des personnels exerçant dans les écoles vont devoir acquérir des gestes professionnels nouveaux (travailler avec un masque, en assurant les gestes barrières…) qui nécessitent une formation et un entraînement.

– l’organisation des locaux, de la circulation des élèves, des récréations, de la coordination entre les temps scolaires, périscolaires et de cantine va devoir être réfléchie dans chaque contexte local.

– La mise en place du protocole va devoir être réfléchie collectivement afin qu’elle soit adaptée à chaque âge. L’organisation ne peut être la même en maternelle et en élémentaire.

– la coordination entre tous les personnels exerçant dans les écoles doit être précise et organisée collectivement afin qu’elle soit efficace.

– la question de l’accueil des élèves nécessite un dialogue nourri avec les familles. Etant donné que le volontariat est la règle et le nombre d’élèves pouvant être accueilli limité, il va falloir définir dans chaque école l’organisation des emplois du temps, des modalités d’accueil, le recueil des besoins des enfants, des familles,  les priorités d’accueil éventuelles.

– Tous les élèves ne pouvant être accueillis chaque jour, la continuité pédagogique devra être organisée collectivement par l’équipe éducative pour ceux qui restent à la maison, les enseignants présents devant leurs élèves ne pouvant en même temps faire du télé-travail.

Les personnels vulnérables ou ayant un membre de leur famille vulnérable doivent être protégés et ne pourront pas être présents dans les écoles, ce qui ajoute une contrainte organisationnelle. Peut se poser également le cas de l’absence imprévue d’un collègue. En attente de remplaçant ou en absence de remplaçant, comment organise-t-on l’accueil des 15 élèves que l’on ne peut peut pas répartir entre les autres classes ?

– Enfin un point très important est la confiance qu’il va falloir instaurer entre les familles, les enfants, les enseignants et les personnels des mairies.

 

Fort de ces constats, il nous apparaît primordial de pointer en préalable à l’accueil des enfants dans les écoles les éléments suivants :

un temps de pré-rentrée sans élève d’ une semaine au minimum

Cette semaine est nécessaire pour permettre une appropriation du protocole sanitaire par tous les personnels de l’école et une préparation sérieuse de l’accueil des enfants.

un conseil d’école exceptionnel préalable doit  être organisé dans chaque école avant le retour des enfants

Il s’agira de définir dans chaque contexte local les besoins, d’assurer une coordination et un dialogue nécessaires entre les représentants des enseignants, des services de l’éducation nationale, des mairies et des familles. C’est à partir de ce conseil d’école que seront précisées toutes les modalités de la réouverture. Le conseil d’école, en permettant à la communauté éducative locale de reconstituer un collectif et de s’organiser localement, nous semble un outil indispensable pour construire la confiance nécessaire à la réouverture des établissements.

– Un nombre maximal de 10 élèves par classe doit être défini lors des conseils d’écoles préalables à la réouverture en fonction des contextes locaux.

Enfin, ces modalités de réouverture faisant intervenir le conseil d’école pourront être rééditées lors de la préparation de la rentrée de septembre 2020. En effet, la situation sanitaire imposera peut-être de se poser des questions similaires et la tenue de conseils d’écoles de rentrée pourront permettre à tous les acteurs des communautés éducatives de prendre part aux modalités de fonctionnement des écoles.