Dérèglement climatique et système éducatif : l’inaction n’est pas une option

Communiqué de presse n° 11 du 30 juin 2025 de la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques

Le dôme de chaleur sous lequel nous allons vivre en métropole cette semaine n’est pas un évènement météorologique inattendu. Les alertes des experts du GIEC sont très claires depuis plusieurs années : le dérèglement climatique occasionnera des épisodes de chaleur intense plus fréquents, plus tôt dans l’année, et plus intenses.

Comment comprendre que le gouvernement en soit encore à ne faire que réagir à l’urgence ?
La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques alertait déjà en juin 2017 : « La vague de forte chaleur entraîne des difficultés, d’exercice dans les établissements scolaires pour les personnels, et d’étude pour les élèves. La diffusion des consignes du plan canicule, pour indispensable qu’elle soit, place les personnels dans une situation paradoxale : il n’est pas toujours possible de les mettre en œuvre. Tous les établissements ne disposent pas loin s’en faut des installations permettant de fermer les volets et de ventiler les classes. De tels épisodes climatiques sont appelés à se reproduire. Il convient d’envisager avec toutes les parties prenantes, d’une part les voies et moyens d’équiper de manière pertinente et adaptée les établissements, et aussi d’envisager comme en Allemagne la suspension du service quand ses conditions de réalisation ne sont tenables ni pour les usagers ni pour les professionnels, et donc de structurer les modalités de prise de décision en articulant les différents niveaux de responsabilité institutionnelle. »
Tout cela reste à faire… 8 ans après.

Les employeurs publics des agents de tous métiers qui assurent le service publique d’éducation ne peuvent plus se détourner de leurs obligations en matière de protection face aux risques liés aux fortes températures qu’ils et elles travaillent dans les écoles, les collèges, les lycées et tous les services centraux et déconcentrés. Trop de lieux de travail ne sont pas adaptés à la nouvelle donne climatique et ne permettront pas aux agents d’« éviter les élévations exagérées de température » (Code du travail). L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) considère qu’au-delà de 30 °C pour un salarié sédentaire, et 28°C pour un travail nécessitant une activité physique, la chaleur peut constituer un risque pour les salariés.

Dans l’immédiat, il faut réorganiser le travail, y compris les horaires de travail pour réduire les risques pour la santé des personnels et des élèves, déployer des moyens supplémentaires afin de ventiler les locaux, assurer partout la fourniture d’eau potable fraîche.

Les enjeux sont structurels. Pour la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques, les gouvernements ne peuvent plus se contenter de produire de temps en temps des plans nationaux d’adaptation au changement climatique sans dialogue réel avec l’ensemble des organisations représentatives des agents. Nous demandons à la ministre de l’Éducation nationale de structurer rapidement le dialogue social pour mettre en œuvre les dispositions du décret et de l’arrêté du 27 mai 2025, et l’ensemble des dispositions du code du travail pour protéger enfin correctement les personnels et ce faisant les élèves. Adapter le système éducatif au changement climatique supposera des investissements importants, et un travail loyal dans la durée entre l’État et les collectivités locales. La situation budgétaire du pays ne pourra pas cautionner la poursuite de l’inaction, au risque de déstabiliser radicalement le système éducatif alors que le scénario d’un réchauffement à +4° est désormais le plus probable.